Ecologie, le gouvernement continue de faire semblant...
Publié le 12 Septembre 2013
"Dans la perspective du budget 2014, les écologistes se sont prononcés contre une hausse du niveau général des impôts. les écologistes veulent une fiscalité intelligente qui taxe moins l’humain et les activités qui créent des emplois tout en taxant plus les pollutions et les gaspillages". Il existe une incompréhension du potentiel que la fiscalité écologique peut amener en matière d'emploi et de pouvoir d'achat.
Avec le dernier avatar sur sur le diesel, la "désincitation" à la consommation du diesel via une taxation plus vertueuse s'éloigne, le gouvernement "cerise sur le gâteau" semblant s'ériger en défenseur du pouvoir d'achat.
Difficile de faire confiance à ce gouvernement pour avancer sur les enjeux écologiques.... mais il va falloir quand même agir un jour !
On assiste à un renforcement de la fiscalité qui essentiellement va chercher l'argent des ménages salariés (assimile au passage les compensations fiscales des familles à des "niches" oubliant celle des bateaux, des tableaux...), touche très peu aux profits des dividences et aux patrimoines (lisez le dernier ouvrage de l'économiste Thomas Piketty), mais on est incapable de penser et d'avancer vers une fiscalité écologique vertueuse susceptible de transformer véritablement notre économie et nos modes de vie.
Or les défis qui sont devant nous sont le changement climatique, la raréfaction des ressources, la réponse aux besoins fondamentaux de tous, la mondialisation. Les risques qui en découlent sont la vulnérabilité des économies et des sociétés humaines, la précarité sociale..
Période préélectorale aidant , avancer sur la réduction à terme du diesel fait peur. Il est pourtant essentiel de faire converger progressivement l'essence et le diesel sur un même niveau de taxe, et il faut organiser cette évolution de telle sorte que les ménages qui subissent le choix fait par la France de favoriser le diesel ne soient pas mis en difficulté avec des mesures compensatoires. Si l'on veut agir, c'est possible de le faire dans la justice sociale.
A terme, c'est la technologie diesel qui doit céder la place à des technologies vertes, c'est une chance si on sait la saisir pour l'industrie automobile française. Et l'on ne peut dire qu'aujourd'hui les grands groupes automobiles français aient été clairvoyants dans leurs choix sur les technologies du futur, mais au contraire plus souvent en retard d'une guerre. A l'exception peut-être aujourd'hui de Bolloré qui tente l'innovation électrique, nos grands constructeurs boivent le bouillon industriel : pourquoi ? Le cas du Diesel en est emblématique, la persistance de notre exception "culturelle" française est un véritable bonnet d'âne mis sur la tête d'un gouvernement qui décidemment se montre pleutre plutôt que pédagogue. Et pourtant, on peut accompagner le passage vers des carburants moins polluants y compris dans son impact pour les ménages ou acteurs économiques, et faire un véritable effort d'explication et de dialogue. Pas étonnant que les citoyens finissent par avoir de l'écologie une vision punitive.
Malgré les enseignements de l'histoire sur les grands scandales sanitaires liés aux pressions des lobbies économiques (amiante, métaleurop, pyralène dans le Rhône…), on continue la fleur au fusil. Donc dormez braves gens, les microparticules issues du diesel ont de beaux jours devant elles et nos cancers aussi …
La fiscalité est le levier de la transformation écologique et sociale mais on continue de passer à côté du sujet. En attendant il me semble que l'on importe du diesel, mais que l'on ferme des raffineries en France qui produisent de l'essence. Cherchez donc le sens de cet archaïsme diesel français en terme de la balance commerciale, d'emploi, d'avenir industriel...
Mais tout va bien, on va bientôt avoir des dirigeables grâce au ministre du redressement productif... oui, oui... Mais la taxe tobin est enterrée, l'évasion fiscale capte la richesse produite en france (n'est ce pas Google, Amazon, Total et consorts...), les réformes sont faites à la marges. Le gouvernement a fait le choix d'épargner les entreprises, dont acte... mais les transactions financières? l'évasion fiscale? les dividendes? les activités qui coutent à la collectivité (polluent, gaspillent nos ressources, pèsent sur la sécu et la santé...) ?
Non aujourd'hui, l'effort pèse sur les seules classes moyennes salariées. Cela est une impasse tout autant qu'un renoncement. D'autant que si l'on préserve un peu les ménages modestes par le barème de l'impôt, tous subiront l'augmentation de TVA.
Mais la TVA "bien pensée" peut aussi être un instrument de pilotage de la transition écologique. En ce moment les artisans sont mobilisés pour réclamer une baisse de la TVA dans le bâtiment. les écologistes soutiennent cette revendication, une première avancée a été enregistrée avec la baisse de la TVA à 5% (au lieu de 10%) dans la construction et la rénovation du logement social. Cette avancée importante permettra d’engager la France dans une politique de logement social plus ambitieuse. Mais nous voulons aller plus loin. Soutenir les artisans, l’activité et l’emploi durable et non-délocalisable c’est aussi agir grâce à l’impôt. C’est la raison pour laquelle dans le cadre du budget 2014 les écologistes proposeront de baisser la TVA également dans tous les secteurs du logement (construction, rénovation, isolation thermique…) et dans le secteur des transports en commun.
Il l'a dit : "la concentration du patrimoine dans les mains de quelques uns est une menace pour la démocratie. Nous sommes dans une société où la méritocratie existe de moins en moins, où le patrimoine est concentré entre les mains de quelques familles, où il est quasiment impossible de s'enrichir par son travail." Thomas Piketty Economiste vient de sortir "le capital au xxième siècle" Editions du seuil
Pour approfondir, rendez vous aussi sur le site de la Fondation Nicolas Hulot
Ci-dessous l'Interview de Yannick Jadot dans Libération,
"le gouvernement fait du renoncement durable".
RECUEILLI PAR MATTHIEU ÉCOIFFIER 11 SEPTEMBRE 2013 À 21:36
Le député européen Europe-Ecologie - les Verts. (Photo Bertrand Guay. AFP)
INTERVIEWYannick Jadot, député européen Europe-Ecologie - les Verts :
Eurodéputé Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) Yannick Jadot a participé
aux travaux du «comité pour la fiscalité écologique».
Il n’y aura pas de hausse du diesel en 2014. C’est un revers important ?
C’est un très mauvais signal. Quand on est dans une situation où le
diesel est responsable de 16 000 morts par an et que les automobilistes
sont piégés dans des factures de carburants très élevées, ne rien faire
est totalement irresponsable. Tant du point de vue de la santé que de
l’environnement et du pouvoir d’achat. Mais aussi de la mutation
indispensable de l’industrie automobile.
Du point de vue politique, n’est-ce pas habile à l’approche des
élections municipales ?
Le pire, pour les Français, c’est le sentiment d’impuissance politique,
qu’on les laisse dans le statu quo avec un gouvernement qui n’agit pas.
On a fait des propositions, avec les syndicats et avec les
consommateurs, pour faire en sorte que la fiscalité permette de sortir
les automobilistes du piège du diesel.
Avec des mécanismes de compensation pour les ménages modestes ?
Le prix du diesel peut varier par an de 15 à 20 centimes à cause des
fluctuations. Ce que nous proposions, c’est d’augmenter tous les ans de
2 centimes la fiscalité diesel pour la faire converger vers celle de
l’essence, comme c’est de plus en plus le cas en Europe et aux
Etats-Unis, puis d’utiliser ces recettes pour aider – avec plusieurs
milliers d’euros – les automobilistes aux revenus modestes à s’acheter
une voiture plus sobre. J’aurais préféré un gouvernement qui fasse de la
pédagogie de la réforme et change les choses. Là, le gouvernement ne
fait pas du développement durable mais du renoncement durable.
Un début de fiscalité verte est tout de même prévu…
On nous dit qu’on va acter le principe d’une introduction d’une
dimension carbone dans la taxe sur les carburants, ça ressemble plus à
un symbole qu’à une ambition réelle. On se retrouve dans un exercice où
ce gouvernement n’a toujours pas une culture écologique et semble donner
de la fiscalité écolo l’image d’un cadeau aux Verts et non pas un levier
pour moderniser notre économie.
Pour François Hollande, l’écologie est une variable d’ajustement de sa
majorité ?
Ce qui est dramatique, c’est qu’on a l’impression que les quelques
mesures écologistes qui sont prises le sont pour maintenir la coalition
et non pour moderniser notre économie et soulager le pouvoir d’achat des
Français en sus de protéger l’environnement. Ce gouvernement est en
train de donner une image de punition de la fiscalité écolo, alors que
c’est un levier efficace dans de nombreux pays d’Europe pour moderniser
l’économie, innover et baisser le coût du travail en taxant plus les
pollutions. François Hollande n’a pas la fibre écologiste, alors que les
ministres écologistes ont acquis la culture de gouvernement.
A une semaine de la conférence environnementale, quel geste
attendez-vous du président de la République ?
J’attends un retournement des arbitrages qui semblent avoir été pris. Il
y a un an [lors de la première conférence, ndlr], le président de la
République avait dit qu’il allait faire de la France le pays de
l’excellence environnementale. J’aimerais que cette année ce ne soit pas
le discours de l’immobilisme écologique.
Notre-Dame-des-Landes, le nucléaire, le diesel… Que faites-vous encore
dans le gouvernement ?
En l’état, mes collègues députés et sénateurs d’Europe Ecologie-les
Verts affirment qu’ils ne peuvent pas voter le budget, élément
structurant de toute participation à une majorité. Ce sont les actes que
posera ou pas François Hollande à la conférence environnementale qui
seront déterminants.